E-MEHARI : une "voiture de plage" ?...

Je profite de notre forum pour m'insurger contre le mythe journalistique - malheureusement accentué par la direction de CITROEN - selon lequel la MEHARI serait une "voiture de plage".
Comment les dirigeants du 21 eme siècle de CITROEN peuvent à ce point se tromper sur les raisons qui ont fait le succès de la MEHARI thermique, la 1ere du nom ?
La "plage" était elle vraiment la première motivation des 150 000 acheteurs de la MEHARI V1 ?

Mon courroux est lié à mes racines familiales : avant de devoir "émigrer" vers la région parisienne afin d'y trouver un travail et de subvenir aux besoins de ma famille, j'ai vécu une vingtaine d'années en rase campagne. L'expression populaire parlerait, en ce qui me concerne, de "TRIFOUILLE LES OIES", un petit village où l'agriculture y occupait 95% de la population.
Les vacances et encore moins la plage figuraient au programme de la grande majorité de ses habitants et, pourtant,
les MEHARI ont rapidement prospéré dans nos contrées, à telle enseigne que le garage CITROEN local a rapidement du former son personnel à l'entretien et la réparation de la petite voiture en "plastique", de couleur orange aux trois quarts.

Si ce n'était pas la plage, qu'est ce qui motivait les campagnards que nous étions à investir env 20 000 € d'aujourd'hui (16 000 frcs en 1968), dans un véhicule en apparence aussi spartiate qu'exotique ?

Je vois 3 raisons principales en ce qui me concerne :
- la MEHARI est une voiture "à tout faire" : en plastique, ne craignant pas la pluie ni les caprices de la météo, elle restait le plus souvent découverte, sa capote restant soigneusement rangée dans un coin de la grange. Elle était facile d'accès, facile à conduire et ne souffrait pas que nous y entassions des colis, des bagages mais aussi des poules, des oies et des canards !
- la MEHARI est une voiture véritablement tout terrain : aucune difficulté avec sa carrosserie incassable et sa suspension légendaire à arpenter tous types de chemins et de champs. Il était fréquent de voir les MEHARI stationnées dans les champs en bordure des zones de labours et de moissons dont l'accès était jusque là réservé aux seuls tracteurs ;
- sa robustesse et sa facilité d'entretien : ces MEHARI sont increvables, il suffit pour s'en convaincre d'observer le nombre de ses rescapés aujourd'hui. Robustesse facilitée par la simplicité et la facilité de réparation et d'entretien du 3cv CITROEN qui équipait également le modèle éponyme.

Comment les dirigeants de CITROEN ont il pu à ce point se méprendre sur les raisons historiques du succès de la MEHARI pour prendre la décision de lancer en 2016 la MEHARI électrique au milieux d'une plage reconstituée façon "bobos" au coeur de la BASTILLE à PARIS, avec force évocation des activités nautiques et des sports de plage ?...

Au-delà de la faute de goût, c'est un déni de réalité qui a envahi les décideurs de CITROEN qui, appâtés par l'affaire facile du développement et du lancement à moindre frais d'une BLUECAR BLUESOMMER, recarrossée à la marge par CITROEN, en a oublié ce qu'étaient les raisons du succès de sa devancière des années WOODSTOCK.
A celà s'ajoute l'amateurisme dans lequel CITROEN, faute de temps, a plongé l'ensemble de son réseau, en ne préparant pas suffisamment ses distributeurs à argumenter les bienfaits conjoints de la traction électrique, la fiabilité et la robustesse, la facilité d'entretien et de réparation des choix techniques opérés.
Le tout couplé avec une tarification inappropriée, fixée avec BLUECAR sur le coin d'une table, et les conditions d'un marasme ont été rapidement réunies.
On connaît la suite...

Quel rendez vous manqué avec sa clientèle et avec l'histoire !
En prenant un peu plus le temps pour la préparation et sa mise sur le marché, CITROEN aurait pu faire un coup à "plusieurs bandes" :
- aguerrir ses distributeurs à la vente de véhicules électriques fabriqués, batteries comprises, en FRANCE ;
- retrouver l'ADN du constructeur innovant que lui a insufflé son fondateur André CITROEN ;
- gagner en image de marque en développant sur un marché bien terne, une voiture particulièrement sympathique ;
- partager avec BLUECAR les bénéfices financiers d'une technologie française de batteries (LMP) particulièrement performante et bon marché.

Je forme le voeux que CITROEN retrouve ses esprits et remette le métier à l'ouvrage, cette fois-ci avec un peu plus de réalisme et en prenant son  temps,